Comment j’en suis arrivé à une comédie musicale ?

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Remontons à l’année 2019.

Sur les bancs de la fac de philosophie de Lille, parfois, bien que j’ai choisi (avec beaucoup d’intérêt) d’aller étudier cette discipline millénaire, j’ai cette tendance répandue à griffonner sur le bas de mes pages.

C’est alors que, probablement dans un cours d’anglais où personne ne suit véritablement, j’ai une lumineuse idée.

Si les copains d’Astérix étaient à notre époque, qu’est-ce qu’ils feraient comme musique? Je me dis que ce serait sûrement un rock bien épais et moustachu, parfumé au houblon. Et pas forcément hyper mélodique.

J’imagine donc un groupe de hard rock, qui comblerait des tavernes pleines à craquer de buveurs de cervoise.

Oui mais voilà, je me vois dans ce groupe qui a l’air trop cool dans ma tête. Puis je me dis : OK, mais toi, t’es pas un chevelu à moustache qui hurle comme un gaulois qu’a un gros ventre, non. Toi, t’es plus civilisé, moins brutal. Tu veux de la mélodie. Et qui apporte la civilisation aux Gaulois? Rome, évidemment.

D’un autre côté, je suis dans ma période Ghost.

On a quitté le cours d’anglais, et je ne sais plus comment ça a pris ce chemin, mais next thing I know (comme disent les camarades de Jolitorax), mon groupe s’est transformé en Ghost, à la française, et avec un autre univers. Et ça a de la gueule: d’un pape sataniste et ses goules, on passe à un empereur romain et des gaulois. Rappel : on est toujours dans ma tête.

Et là, c’est parti: les déguisements, les chansons, l’énorme souffle épique qui porte un commandant au sommet de sa gloire, le tout sur des scènes énormes avec un spectacle comme personne n’a jamais vu en français. Voilà l’idée. Réunir des types qui n’auraient pas peur de se mettre en tenue antique pour révolutionner le rock français.

C’est à ce moment-là que je compose « Ma Destinée », avec en tête comme interprète, le fameux Jules. Ouais, César. C’est la première chanson.

En même temps, je dois dire que quelques fulgurances me touchent, et je me dis que tout ça pourrait avoir une dose d’humour (accrochez-vous, c’est puissant : j’ai fait un titre qui s’appelle « J’ai eu la Gaule »). Mais finalement, sur le moment, oui ; avec du recul, moins.

Parce que Jules César, d’accord, mais encore une fois, on est autour de 2019/2020, donc moi, j’ai 20 ans, en gros. Et comme c’est mon idée, je suis (bien sûr) le personnage principal, dans ma tête.

Après quelques semaines à chercher la bonne formule, eurêka : en fait, le personnage, il n’aura pas 50 ans, il en aura 20. Comme moi. Mais maintenant, il faut lui trouver une histoire, justifier qu’un gamin raconte des trucs épiques.

C’est à ce moment que viennent progressivement les idées, et petit à petit un album, à force d’autobiographie. Quand tu veux être celui qui changera le monde, que tu te sens porté par quelque chose d’inexplicable, ça conduit à écrire un personnage dans cet esprit-là.

Verus est né. L’album « Audaces Fortuna Iuvat » sort en 2022, après m’être démerdé à tout enregistrer moi-même.

Les 11 titres ont une bonne cohérence ensemble. Le moment est venu de mettre tout ça sur scène, de donner vie à l’idée que j’avais fantasmée.


Mais je n’ai pas tout dit.

En 11 titres, je n’ai pas encore exploité toutes les couleurs, ce n’est pas complet.

Et les personnes à qui je fais écouter mes chansons, plusieurs fois me disent que ça pourrait être une comédie musicale rock.

Ni une ni deux, … Non, je rigole. Je ne sais pas encore quoi en penser.

Mais quand même, j’ai déjà un nouveau couplet-refrain (La chute de Rome), que je me réserve pour plus tard. Et il est encore meilleur que les autres. Alors après quelque temps à attendre, je choisis quand même d’explorer et de laisser ma créativité parler. J’ai compris que l’univers se prêterait bien à un grand spectacle musical, très visuel, et que les chansons aussi.

Là, on est arrivé un peu après le moment où j’en ai eu marre je la fac. J’ai eu ma licence de philo, mais je ne pouvais plus voir le campus universitaire. J’ai bossé un an, jusqu’à ce que j’apprenne l’existence d’un Master en écritures créatives (notez au passage que mes choix scolaires sont particulièrement motivés par les débouchés de carrière hasardeux).

Bref, j’entre en Master d’écriture créatives, et là, bingo: le mémoire de fin d’année peut être une création originale, accompagnée bien sûr d’un mémoire de recherche sérieux et suffisamment copieux. Avec le recul, c’est probablement la meilleure chose qui aurait pu arriver à ce projet: je décide en première année d’écrire un roman sur l’histoire de mon personnage. Je peux me prendre pour Flaubert !

Je précise donc l’époque, qui doit coller avec le contexte de décadence, je me renseigne sur tout ce qui existe, n’existe pas, j’évite les anachronismes, je lis tout ce que je peux lire sur l’armée et son organisation. Tout un travail, finalement, qui m’a obligé à connaître le sujet et à faire quelque chose de cohérent. C’est là que se développent les personnages principaux. J’avais déjà Verus et Fortuna, puis, dans l’ordre, Flavinus arrive. Ensuite, Jupiter, puis Omnius. Et puis, j’avais les Démons, mais je n’avais pas mon méchant, mon antagoniste.

L’ambiance étant particulièrement masculine, je me dis : « et pourquoi pas une fille ? » Hein ? Pourquoi pas, c’est vrai, elles peuvent être méchantes aussi. Diane est donc le dernier des personnages principaux en date.

Au cours de cette première année où je développe la prose, j’ai déjà en tête l’année suivante. Je sais que je vais la consacrer à la pièce.

En l’espace de 6 à 8 mois sont arrivées entre 10 et 15 chansons supplémentaires, avec chacune son ambiance, son message, sa place dans la chronologie et son personnage. En toute logique, étant un peu plus âgé, les chansons sont elles-même plus matures. Peut-être que je détaillerai un jour l’écriture de cette partie-là en particulier.

Avec tout ça, des dialogues, des idées de mise en scène. Un projet encore plus ambitieux que ce que j’avais imaginé, et qui apportera quelque chose à la comédie musicale française, j’espère.

Voilà d’où vient Verus. Je l’ai créé et il s’est exprimé lui-même.

Désormais, vous pouvez écouter le résultat de ces années à concevoir une histoire cohérente et complète. Et le meilleur est à venir !

Joffrey

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Joffrey Willaey

Musicien, auteur-compositeur

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